* Obama au quotidien.

Posted on janvier 21st, 2009 by Elise. Filed under Non classé.


Vendredi dernier, séance hebdomadaire d’éwé dans la classe de CM1 qui m’accueille régulièrement. Nous avons appris une chanson…

Peu après mon arrivée, une affiche est discrètement tombée du mur. Un élève s’est levé pour la remettre en place. Renseignée par mes regards coulés vers l’arrière, je peux vous dire qu’il s’agissait d’un grand panneau illustré de portraits, comme on en trouve au marché. Le style est à peu près celui des posters dont certains adolescents recouvrent les murs de leur chambre, et il figurait Barack Obama dans diverses occurences photogéniques.

A la récréation, je n’ai pas pu m’empêcher de le mentionner à l’institutrice. Elle m’a dit en souriant qu’elle en avait acheté deux exemplaires au marché – un pour elle, et un pour la classe. « C’est mardi prochain qu’il y aura la cérémonie de l’investiture. Quand même, c’est un moment très heureux partout dans le monde, n’est-ce pas ? » a-t-elle ajouté avec un sourire à désarçonner toute entreprise de nuance.

Aujourd’hui, mardi, Pierre et moi nous sommes isolés pour travailler loin du bruit, quand la voix de Martin Luther nous est parvenue, émergeant du brouhaha ordinaire. « Pierre, Pierre… Non, c’est juste pour vous dire que les cérémonies ont commencé, déjà. »

Il parlait de l’investiture, avons-nous supposé, avec raison. Par manque de chance et de moyens électriques, quelques instants plus tard, le courant sautait – eh non, les ressources ne suffisent pas à alimenter à la fois toutes les télévisions de Kpalimé braquées sur le même évènement. Ont suivi des dizaines de minutes durant lesquelles Martin Luther a voulu faire usage d’un groupe électrogène dont j’ignorais jusqu’à l’existence, et qu’il n’avait jamais sorti, même durant les heures de coupures aux périodes les plus gênantes qui soient. La machine crachait, tressautait, peinait à alimenter la télévision, au grand dam des habitants et invités de la maison, ainsi que des salariés de l’inspection rassemblés autour du poste. L’un ou l’autre poussait des exclamations à chaque extinction de la télévision ; on interpellait le seigneur en espérant avoir l’image et le son au moment de la prestation de serment. L’excitation était celle d’un rituel. Quand nous avons cessé de capter France 24, la situation est devenue critique, il a fallu chercher une autre chaîne, et nous avons pu admirer les médiocres interprètes de France 2, retransmis par une chaîne réunionaise.

Quelques minutes après la fin du serment, l’électricité est revenue – à mon faible étonnement, il faut croire que le discours intéressait moins les Kpalimiottes (Kpaliméens ?) que le moment-même de l’élévation à un statut à peu près divin – « Ils sont plus que des dieux… » ai-je cru comprendre. Cela dit, c’est ce qui nous a permis d’entendre le discours d’Obama dans de bonnes conditions (plus d’un mot sur dix, ça aide), si on excepte les bafouillements du traducteur. Je ne crois pas que les gens autour de nous aient écouté attentivement, au sens que nous donnons à l’attention : ils commentaient en disant leur admiration « Quand même, il est extraordinaire, cet homme. » à des moments aléatoires où Obama ne disait rien (après les deux premiers mots du discours, genre « bonjour ») ou en répétant des morceaux de phrases disjoints et plutôt annexes, dans le cas de Clémentine… mais elle cultive beaucoup cette pratique, y compris quand nous lui parlons.

Nous sommes partis quand les intervenants de France 2 ont pris le relai pour déguiser des banalités en analyses.
PS : J’ai trouvé le discours d’Obama tout à fait à la hauteur de ce qu’on peut légitimement attendre de lui, et c’est déjà beaucoup. Now, this makes one feel like going to the USA.
PPS : Je n’avais jamais vu une photographie d’Itzhak Perlmann, et je l’imaginais plus maigre.

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