Sur la route de Kusuntu, de Missahohe, la seule route goudronnée de Kpegolo, c’est à dire sur la route où nous habitons, il y a un restaurant, Chez Lazare, que j’indiquais du doigt à Pierre lors d’une des premières fois que nous la parcourions à vélo. Lazare figure dans le guide du Routard, dans le Petit Futé, dans les recommandations qu’Annabel nous faisait à Paris avant notre départ… et dans le coeur de tous les gourmets et les européens en séjour à Kpalimé.
Aujourd’hui, à la suite d’un crumble dans un réfrigo-congélateur, d’une fringale persistante, d’un pari perdu, et de toutes sortes de circonstance, Pierre et moi sommes finalement allés lui rendre visite, et goûter quelques unes de ses crêpes.
Croyez-moi, il n’a pas volé sa réputation : à première vue, c’est une guinguette togolaise, seulement assez calme parce qu’on s’épargne la sono intense pour l’après-midi du dimanche ; un bar, quelques tables… et dans ce décor, sous nos papilles émerveillées, de vraies crêpes. Sur son tablier, une tâche discrète de gâteau, de vraie patisserie française. Dans un congélateur à côté du comptoir, on ne trouve pas seulement du Coca comme partout, mais des glaces ! Pas d’ersatz pseudo-occidentaux comme on en trouve souvent pour toute sorte de produits, comestibles ou non : ses crêpes sont faites avec du vrai lait, du vrai beurre, et… du vrai chocolat fondu. Du bon chocolat, comme chez nous. Il m’en a même offert une tablette ! Vous imaginez ! Si avec ça il ne s’attire pas mes suffrages éternels… (Mais il s’approvisionne à Lomé, alors il n’a pas pu nous indiquer de fournisseur plus régulier.) Il a du fromage, du jambon, des saucisses, des viandes, et il sait cuisiner des tagliatelles, des lasagnes, du civet de lapin à la moutarde, du mérou, des légumes, des pommes de terre sautées, tout… et sans le moindre relent d’épices togolaises ou de piment envahissant. Lazare, c’est un refuge pour les ventres tourmentés par le mal du pays.
J’hésite à y organiser mon anniversaire dans quelques jours, pour y faire venir tous les autres volontaires. Il prépare aussi des plats togolais, très bien à ce qu’on dit, et peut-être pourrais-je l’approcher pour un grand foufou que j’offrirais à tous…
Par ailleurs, ce qui ne gâche rien, il est très sympathique, et plutôt au fait des yovos du pays, particulièrement les volontaires – bien sûr, comme nous ne partons pas encore tout de suite, nous sommes aussi un bon investissement pour lui. Mais la satisfaction qui baigne nos papilles nous invite effectivement à assumer ce statut d’investissement content et bien entretenu.
Tags: cuisine
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