La Valise en carton -

Ces derniers temps, plusieurs d’entre vous m’ont demandé ce que nous avions fait des fameux médicaments, et si nous avions trouvé où les laisser.

Questionnements. Incertitudes.

Suspens.

Eh bien, oui, nous avons pu donner notre valise de médicaments.

Nous avons découvert par hasard il y a quelques temps, lors d’un trajet chaotique entre Lomé et Kpalimé, l’existence d’un réseau de dispensaires d’Etat peu chers, au service de la population, et qui disposent de structures pour recevoir des dons – notamment ceux de médecins du monde. Le responsable du dispensaire décide de leur utilisation, en collaboration avec un comité villageois. La plupart du temps, ils sont utilisés pour soigner des patients nécessiteux. Certains dispensaires, les vendent, afin d’en retirer des fonds qui servent à l’amélioration de leurs installations. Le procédé me laisse un peu dubitative : pourquoi ne pas solliciter alors des dons de parpaings, aussi, et les vendre dans le même but ? Mais enfin, au moins, c’est honnête, transparent, et utilisé pour la bonne cause. Nous étions seulement un peu embêtés par la distance des dispensaires que nous connaissions, et attendions une occasion de nous y rendre.

Justement, samedi dernier, nous avons été invités au village de M. Degboevi, où se trouve un dispensaire de ce type. Même architecture, même organigramme, même couleur de crépi. Sous les instances de notre hôte, nous avions emporté les médicaments. La « matrone » nous a fait visiter le dispensaire. Il avait l’air rudimentaire, mais sérieux. Nous avons aussi rencontré les deux responsable qui gèrent les dons de matériel médical. Deux bonshommes à l’air normal, peu bavards, et dont l’un revenait de son champ. Dans l’ensemble, l’organisation semblait bien rôdée – évidemment, ici, on n’est jamais sûr… mais ils se sont engagés à utiliser nos produits pour des soins gratuits. M. Degboevi leur a même demandé de noter les noms des bénéficiaires dans un cahier, et les a prévenus qu’il vérifierait lui-même quelle utilisation avait été faite ; ça en dit beaucoup, trouvé-je, sur la confiance qu’il leur porte. Et puis, c’était après nos longues récriminations contre ses tentatives de se servir personnellement dans notre stock de tout ce qui pourrait lui être utile. Mais on pouvait difficilement espérer mieux. Alors nous avons laissé là-baspresque tous nos médicaments, pansements, et autres anti-cacobiotes.

Voilà. M. Degboevi y a gagné du prestige dans son village. Nous avons l’impression d’avoir fait une bonne action. Espérons que les villageois tireront aussi leur épingle du jeu !

Post scriptum pour l’anecdote : la valise n’est cependant pas restée vide très longtemps. L’angoisse des bagages s’insinue déjà parmi nous. Poids, volume, buffet normand, et l’hippopotame qui s’en mêle… comment tout rapporter ?

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