Presque en face de chez nous, il y a une marchande, une marchande de tout, de nougat et de cartes téléphoniques, d’arachides, de biscuits, de mouchoirs et de lessive. Je crois qu’elle entrepose ses affaires dans l’une des pièces, au fond de notre cour.
Partout, au bord des routes, il y a les marchandes. Dans le pays, on appelle ça « faire le commerce », et c’est – dit-on – ce que font les femmes qui n’ont pas fait d’études. Ou qui n’ont pas d’autre travail, je crois. Elles ont des bananes, des pralines, et aussi parfois des casseroles ou du dentifrice.
Certaines ont leur place au marché. D’autres un auvent au bord d’une route. Quelques unes installent seulement une table – surtout celles du dimanche.
Elles vendent aussi des pagnes, surtout à côté des ateliers de couture. Elles vivent là, avec parfois leur mère, leur soeur ou leur cousine, et souvent leur progéniture.
Elles vendent des beignets, ou des oranges. Mais les jus d’oranges sont rares, maintenant que la saison est passée.
Elles vendent tout ce qu’il faut pour la vie de tous les jours, ou presque. Et puis elles peuvent vous indiquer le cordonnier qui réparera votre sac, ou le garçon qui gonflera vos roues – si elles parlent français, et si vous comprenez leur français.
On dit qu’elles sont souvent des Nigérianes réfugiées au Togo, qu’elles sont sans instruction, et sans langue française. Mais quand je leur parle, elles me répondent toujours. Il ne faut pas beaucoup de mots pour dire bonjour.
Elles sont colorées, de peau, et de marchandises. Elles sont peut-être un peu les couleurs de la ville.
Tags: exotisme, vie quotidienne